Un homme qui cherche
Je fais une pause dans mon récit des aventures de Chouquette (mais je ne doute pas que la réunion des parents d'élèves de tout à l'heure sera pour demain une source d'inspiration sans limite).
Cette fois, je laisse la parole à un autre blogueur qui nous a déjà nourris de quelques uns de ses articles . Les Amis de la Belette exerce avec recul et pertinence la profession de chercheur d'emploi, et c'est à ce titre que je lui ai demandé d'écrire pour nous un petit topo sur les affres de son métier.
Une petite piste de réflexion avant de vous laisser avec lui. Un de ses "recruteurs potentiels" lui a posé cette question lors d'un entretien :
QU'AIMEZ-VOUS LE PLUS EN VOUS? (j'attends vos réponses)
Profession chercheur
Notre jolie petite civilisation exalte les valeurs de la vie active et du « travailler plus pour gagner plus » qui fut un thème de campagne de 2007. Et on veut nous faire rêver avec quoi pour l’élection de 2012 ?
Lorsque l’on observe les courbes actuelles du chômage à la hausse, on aimerait que les candidats, quels qu’ils soient, nous promettent : du travail. Chercher du travail a un côté aventureux et assez séduisant : on expédie des lettres a des inconnu(e)s et on obtient des rendez-vous à propos desquels on se sait que peu de choses. De plus, on se projette volontiers dans l’entreprise dans laquelle on a postulé et il est clair qu’envoyer une candidature chez Air France ou chez Bricorama ne suscite pas exactement la même appétence…
Le cœur se met à battre : on est convoqué. La spirale positive, celle qui mène à la signature d’un contrat, s’enclenche. Et puis elle s’écroule après toute une série de questions impudiques : « Qui êtes-vous et combien voulez-vous gagner ? », ce qui, pour les latins que nous sommes, constitue un exercice très peu naturel. Je vous passe le chapitre sur les questions totalement idiotes dont certains chasseurs de têtes sont de brillants expérimentateurs.
Une des caractéristiques les plus désagréables de la recherche d’emploi est de répéter en permanence son identité, son projet professionnel, sa formation, ses expériences professionnelles, etc. Un perroquet savant… C’est un peu comme une récitation trop bien apprise qui devient lassante à déclamer lorsque c’est la énième fois qu’on la reformule, comme si on demandait à Paul Mac Cartney de nous chanter « Let it be », encore, encore, et qu’il en ait marre vu la profondeur incroyable de tout son répertoire.
Et puis, ne parler que de soi devient, à un certain moment, totalement insupportable. « Ce que j’ai fait, ma vie, mon œuvre, mes objectifs, mes victoires, mes échecs et merde ! Combien de fois ai-je voulu interrompre un recruteur en lui demandant qu’il me parle de lui ?
La recherche d’emploi est aussi l’apprentissage de l’humilité et de l’humiliation. Humble, car on est dans la sollicitation courtoise d’un emploi et que toute cette démarche repose sur les verdicts de quelques décisionnaires au pouvoir considérable. Et humilié, car cette société est un système économique qui file au rythme des entreprises privées et ce bulldozer ne tolère pas les marginaux sur son passage, ceux qui ne sont pas dans le mouvement, ceux qui, puisqu’ils n’avancent pas, doivent être forcément en train de reculer.
Avez-vous déjà essayé d’écrire « sans emploi » pour décrire la profession d’un parent sur le dossier scolaire de vos enfants ? Glaciation garantie des veines, on a envie de s’inventer un métier séance tenante. Hélas, la compétition pour un emploi n’est en aucun cas un sport puisqu’il n’existe que des médailles d’or. Ah ! Si je vous montrais ma collection de médailles d’argent et de bronze, vous en seriez éblouis… Mais bon, soyons optimistes, ça n’est qu’un fragment de vie.
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Jo Borrel 26/01/2012 06:09
labelette 26/01/2012 18:41
Pupu 14/09/2011 23:46
labelette 14/09/2011 23:48
air max france 14/09/2011 10:56
labelette 14/09/2011 10:57
Marie Mail Tout 14/09/2011 09:24
Schtroumph G. 13/09/2011 20:55
Les Amis de la Belette 13/09/2011 20:36